« Peut-estre qu’entre nous il est de beaux Esprits » : Défense et illustration du féminin chez deux poétesses galantes du XVIIe siècle
Élise Legendre*
Le panthéon poétique du XVIIe siècle est avant tout masculin :
Théophile de Viau, Malherbe, La Fontaine, ou encore Boileau
sont les noms que la tradition scolaire a retenus. Le « Grand siècle » serait ainsi le siècle du masculin en poésie. Pourtant, en parallèle de ce paysage poétique pour le moins viril, ce siècle est aussi paradoxalement celui de la naissance de la femme de lettres. Toutefois cette dernière a mis de longues années à s’établir. Sous le règne de Louis XIII et la première partie de la Régence, la querelle des femmes est encore très active et presque aucune femme n’accède au rang d’autrice professionnelle. Entre 1597 et 1635, Renate Kroll ne comptabilise que six autrices au corpus poétique très mince (la duchesse de Bar, Catherine de Cailly, Mme Motin, Mlle de Gournay, Anne de Rohan, Mlle de Salètes).
Les travaux de Ian Maclean ont permis cependant de montrer comment l’image d’une femme triomphante émerge tout de même dans une nouvelle approche féministe entre 1610 et 1652. Plusieurs grandes manifestations du féminisme dans ces années-là, notamment celles de la Régence, participent de ce triomphe : les traités rhétoriques sur l’excellence des femmes, l’institution du mariage et le rôle des femmes dans la société ou encore la description de la femme héroïque qui s’élabore en littérature.
Ces manifestations ont contribué au […]
* Agrégée de Lettres modernes, Élise Legendre est doctorante contractuelle à Sorbonne-Université (Paris IV). ED433, laboratoire STIH. Ses travaux portent sur la « poétique et la stylistique du “Génie tendre” au XVIIe siècle » (sous la direction de Delphine Denis) et privilégient les oeuvres de poétesses galantes.
-
N°189 – Le féminin (Version Numérique)10,00€
-
N°189 – Le féminin17,00€