Élias Burgel : Je suis heureux d’échanger avec vous car lorsque la rédaction d’Approches m’a proposé cet entretien, en me priant de centrer les discussions autour de la thématique de l’eau, celui-ci m’a semblé doublement décalé. D’une part, sur le plan scientifique, parce que mes objets de recherche s’inscrivent dans une perspective d’histoire environnementale, autour d’enjeux comme les ressources naturelles, la caractérisation juridique de la nature ou encore les institutions garantes de la propriété. À mes yeux, l’eau évoque avant tout la pêche, l’irrigation ou encore le drainage des marais, mais surtout l’étendue saumâtre des lagunes languedociennes qui me sont chères. Je me trouve donc, d’un point de vue intellectuel, plutôt très éloigné des questions d’histoire des représentations et des pratiques du corps que vous avez étudiées pendant plusieurs décennies, même si l’histoire des savoirs médicaux m’intéresse beaucoup.