Jean-Jacques ROusseau

À l’écoute du fleuve Congo : de l’histoire environnementale à l’histoire coloniale dans Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, Fabiola Obame

L’eau occupe une place importante dans le roman Au cœur des ténèbres1 du polonais Joseph Conrad. Tantôt désiré, tantôt craint, le fleuve Congo est un personnage incontournable de ce récit de voyage. Mémoire silencieuse, le Congo conserve, dans ses eaux sombres, les corps de ceux qui y gisent et les secrets honteux des membres de l’administration coloniale. Au XIXe siècle, le rôle de ce fleuve fut en effet essentiel dans l’annexion territoriale. C’est avant tout par bateaux que les voyageurs ont cherché et découvert, au bout d’une longue traversée, les espaces à s’accaparer.

1850 – La Savoie s’ouvre au fil de l’eau…, Jean-François Campario

Lancées dès la seconde moitié du XVIIIe siècle comme un nouveau topos par Jean-Jacques, locus paradoxalement amœnus aux yeux du réprouvé social, les montagnes sacrées ou maudites de la tradition classique, au sortir des troubles révolutionnaires et des guerres impériales, vont peu à peu s’offrir au regard des « étrangers » : au tourisme. L’eau dont abondent ces rochers y fut naturellement pour quelque chose ; tour à tour vecteur physique, charme de la nature, motif pittoresque et atout économique dans un milieu qui en présente assez peu, les eaux vives sont une providence montagnarde.

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