Gérard Garouste, Peindre avec l’irrationnel

Gérard Garouste,
Peindre avec l’irrationnel

Daniel Bergez

Récemment exposé dans une vaste rétrospective au Musée d’art moderne du Centre Pompidou, Gérard Garouste est un des plus grands peintres de notre temps. Son parcours riche et varié, les honneurs qu’il a reçus comme les commandes publiques qu’on lui a passées feraient aisément oublier de quelle profonde inquiétude procède sa création – de quel abîme même de déraison elle s’extrait, en grandes images portées par une jubilation inentamée de la peinture.

Né en 1946, Gérard Garouste, après avoir étudié aux Beaux- Arts de Paris, s’orienta d’abord vers le théâtre comme décorateur et metteur en scène, puis choisit de se consacrer presque exclusivement à la peinture. Il déploie cet art avec une verve inventive et une inten- sité expressive assez rares aujourd’hui. Sur de très grands formats (le plus souvent), ses toiles éclatent de couleurs denses et lumineuses jusque dans les parties sombres. Les figures humaines – et parfois animales – jaillissent d’un pinceau dynamique animé d’une fièvre créatrice. L’humour s’y mêle à la démesure, le mystère y compose avec la joie contagieuse de l’acte pictural.

Très construite et maîtrisée dans sa réalisation technique, cette œuvre s’élabore néanmoins sur un fond d’irrationalité qui confine à la folie. Gérard Garouste a connu des crises de démence qui l’ont conduit en hôpital psychiatrique. Les années 1970 ont été marquées […]

* Daniel Bergez, agrégé de l’université, est Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines. Auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’analyse littéraire, il est spécialiste des relations entre littérature et peinture. Directeur de collections, critique et écrivain d’art, il est aussi artiste-peintre. Derniers ouvrages parus : Écrire la mer (éd. Citadelles et Mazenod, 2020) ; La première fois qu’Aurélien vit Bérénice. Scènes amoureuses de la littérature (éd. A. Colin, 2021).


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