Boldini, portraitiste exceptionnel de la Belle Époque, Daniel Bergez

Boldini, portraitiste exceptionnel de la Belle Époque

Daniel Bergez*

Natif de Ferrare, Giovanni Boldini (1842-1931) s’installe à Florence en 1864, où il manifeste déjà un talent remarqué de portraitiste et de coloriste. C’est à cette époque qu’il s’initie à la société mondaine, où se recruteront jusqu’à la fin la plupart de ses commanditaires. Après un passage par Londres où il perfectionne son art du portrait, c’est à Paris qu’il s’installe à partir de 1871, à 29 ans.
Il y deviendra très vite le peintre inspiré de la société mondaine au tournant des XIXème et XXème siècles. Ce « maître des élégances », salué comme un des artistes les plus brillants de son temps, fut vite oublié au profit des grandes figures de la « modernité » picturale contemporaine. Il n’avait connu que de discrets hommages jusqu’à la magnifique exposition que lui a consacrée dernièrement le Petit-Palais à Paris, et dont la richesse est préservée dans un très beau catalogue.

Sa création se place à un moment particulier de l’histoire de la peinture, bouleversée par de profonds renouvellements esthétiques : il est contemporain de l’impressionnisme, du fauvisme, de Van Gogh et de Cézanne. Son travail pictural n’en est apparemment pas affecté, puisqu’il poursuit ostensiblement la tradition de la peinture figurative. Mais c’est avec des audaces qui l’apparient secrètement aux grands maîtres de son temps. Il est un peintre de la couleur, comme le seront les Fauves. Un peintre de la lumière, comme l’ont été les impressionnistes. Ses cadrages font parfois penser au japonisme, qui se répand alors comme une mode esthétique. La […]

* Daniel Bergez, Agrégé de l’université, est Docteur d’État ès Lettres et Sciences Humaines. Auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’analyse littéraire, il est spécialiste des relations entre littérature et peinture. Directeur de collections, critique et écrivain d’art, il est aussi artiste-peintre. Derniers ouvrages parus : Écrire la mer (éd. Citadelles et Mazenod, 2020) ; La première fois qu’Aurélien vit Bérénice. Scènes amoureuses de la littérature (éd. A. Colin, 2021).