Combattre la guerre, Sylvie Peyturaux

Combattre la guerre

Sylvie Peyturaux

« Quand on n’a pas assez de courage pour être pacifiste,
on est guerrier1. »

Dans Recherche de la pureté, Giono dessine les contours d’un pacifisme rigoureux, soutenant qu’aucune cause, pas même la défense de la paix, ne justifie la guerre, aucune guerre n’est légitime, toutes sont vaines, toutes ont été faites « pour rien2 ». En effet, écrit-il, la guerre est « tout simplement le contraire de la paix. C’est la destruction de la paix. Une destruction ne protège ni ne construit ce qu’elle détruit3 ». Le courage du pacifiste n’est donc pas dans le combat qu’il pourrait mener contre la guerre, mais dans l’inaction. Le pacifiste ne s’engage pas : il est contre4, il incarne ce « contre » et, par voie de conséquence, il est seul. Il faut être courageux, assurément, pour voir la vérité de la guerre en face : violence, mort, destruction, ainsi lutter contre l’esthétisation de l’héroïsme et jusqu’à son propre goût de l’aventure, cet « énorme besoin vital5 » pour la jeunesse, « c’est pourquoi parmi les garçons aux yeux farouchement bleus la guerre marche comme un rêve acceptable6 » ; lutter enfin, […]

1 – Jean Giono : Recherche de la pureté (1939) p. 173 in Écrits pacifistes, Paris, Gallimard (Folio), 2013.
2 – Ibid. p. 197.
3 – Ibid. p. 195-196.
4 – « Réveil au petit jour : l’aube ; les mains liées derrière le dos ; attaché à un poteau ; forcé de s’agenouiller ; les yeux bandés. Le pacifiste est devant les fusils. Il ne lui reste plus qu’un temps infinitésimal. Il est seul. Mais il est contre. » Ibid. p. 204.
5 – Ibid. p. 192.
6 – Ibid. p. 193.

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