L’eau : puissance élémentaire et dynamiques du milieu selon Élisée Reclus, Rodolphe Olcèse

L’eau : puissance élémentaire et dynamiques du milieu selon Élisée Reclus

Rodolphe Olcèse*

C’est par l’eau qu’Élisée Reclus est entré en géographie et c’est dans l’eau qu’il a trouvé le plus puissant vecteur de son œuvre et de sa pensée. Phénomène naturel protéiforme et élément central de territoires différenciés, l’eau apporte à l’œuvre d’Élisée Reclus son objet, mais lui confère aussi son style et sa méthode, dont l’envergure épouse les dimensions du monde. Car avec l’eau, c’est le monde tout entier qui doit venir à la pensée, ce qu’une brève remarque de l’avertissement placé en ouverture de la monumentale Nouvelle géographie universelle souligne nettement : « La goutte de vapeur qui brille un instant dans l’espace reflète sur sa molécule presque imperceptible l’univers qui l’entoure de son immensité : c’est ainsi que j’essaye de réfléchir le monde environnant1 ». L’eau ne peut apparaître sans que nous soient donnés conjointement les éléments du milieu par lesquels nous y accédons : le lit de la rivière et ses pierres innombrables, les plages ou les falaises qui bordent l’océan, la barque qui nous emporte sur les étendues marines ou plus prosaïquement le récipient qui retient une infime part de la […]

1 – Élisée Reclus, Nouvelle géographie universelle vol. 1, L’Europe méridionale, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1876, p. II.

* Rodolphe Olcèse est Maître de conférences en esthétique et théorie du cinéma à l’université Jean Monnet de Saint-Etienne / Laboratoire ECLLA. Il est également co-directeur du département de recherche Parole de l’art du Collège des Bernardins. Il a publié Le Surgissement des archives (2021) et La Vie précaire. Textes et images de Fernand Deligny (2023). Il a co-dirigé avec Vincent Deville le volume collectif L’Art tout contre la machine (2021).


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